Le Ministre, Secrétaire d’Etat aux coopératives et à l’encadrement paysan du Sénégal, Dr Alpha Ba, a présidé, ce jeudi 19 décembre 2024 à Saly, l’ouverture d’un atelier national sur la promotion de l’investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires.
Cette rencontre de deux jours, à l’initiative de la FAO et de l’IPAR, a vu la participation de nombreux acteurs dont des représentants des collectivités territoriales, de la société civile, du secteur privé, des responsables coutumiers (chefs de village), des services techniques, des OP, des experts, etc.
L’objectif poursuivi est de sensibiliser davantage les parties prenantes et renforcer leurs capacités sur les principes pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA-IRA) ainsi que sur l’outil screening ex-ante des projets d’investissement.
Des attentes en termes de proposition d’outils méthodologiques pour préparer les documents de politique nationale et le forum africain sur les systèmes alimentaires
Le Ministre, Secrétaire d’Etat Dr Alpha Ba s’est réjoui de la tenue de cet atelier qui devrait permettre, au sortir des deux jours de réflexion prévus, d’avoir des outils méthodologiques et des propositions pour mieux prendre en charge les goulots limitant la portée et l’efficience des investissements, notamment le respect de l’environnement, la question foncière, l’inclusion sociale, etc.
Les systèmes alimentaires occupent une place importante dans la stratégie du Sénégal a soutenu le Secrétaire d’Etat qui informe que le Gouvernement travaille à promouvoir un modèle agricole qui conjugue performance économique et justice sociale et environnementale.
Le Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage (MASAE) est en train de travailler sur un certain nombre de documents de politique tels que la loi d’Orientation Agrosylvopastorale (LOASP) en cours de révision, le plan stratégique de souveraineté alimentaire qui sera adossé au « Plan Sénégal 2050 », le processus d’élaboration de la lettre de politique sectorielle du Ministère de l’agriculture qui va être enclenché incessamment. Selon le Secrétaire d’Etat, « ces politiques doivent mobiliser les méthodologies et approches qui seront proposées à l’issue de l’atelier ».
Par ailleurs, le Sénégal a l’honneur d’abriter en 2025, le « forum africain sur les systèmes alimentaires ». « Les outils qui seront validés ici permettront également d’arriver à ce forum avec des outils que les différents acteurs auront éprouvés » a-t-il fait savoir.
L’importance de mobiliser des données probantes pour accompagner ces processus amorcés par l’Etat du Sénégal a été soulignée par Dr Cheikh Oumar Ba, directeur exécutif de l’IPAR, qui a insisté sur la nécessité de mobiliser les évidences scientifiques pour éclairer les décisions politiques. Dr Ba s’est également réjoui de l’accompagnement des parties prenantes pour un dialogue constructif capable de promouvoir la paix sociale et l’investissement responsable au Sénégal.
« Avoir un Etat qui est à l’écoute des autres acteurs est très encourageant », selon Dr Ba qui estime qu’il faut travailler dans le sens de trouver des consensus pour que toutes les parties trouvent leur compte dans les investissements, particulièrement, les exploitants familiaux qui doivent également être reconnus comme des investisseurs.
Une opportunité d’échange et de réflexion pour relever les défis liés à la sécurité alimentaire
La transformation durable des systèmes alimentaires reste un défi crucial pour atteindre le développement durable, la sécurité alimentaire et la création d’emplois en Afrique, notamment dans un contexte marqué par des crises récurrentes (Covid 19 et guerre en Ukraine).
Selon des estimations récentes, la pandémie de Covid 19 a fait passer 5 millions de travailleurs supplémentaires et leurs ménages sous le seuil de pauvreté en Afrique. Les jeunes, hommes et femmes, qui vivent souvent dans des conditions précaires sont particulièrement touchés. De même que le nombre de personnes sous-alimentées dans le continent a atteint 248 millions et le PIB a diminué de 2% en 2020
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a fini de compromettre davantage la sécurité alimentaire en Afrique. En même temps le changement climatique et l’épuisement des ressources naturelles exigent un changement de paradigme pour produire plus avec moins.
Rappelant le rôle joué par la FAO pour aider le Sénégal à faire face à cette situation, M. Oumar Syll, représentant de l’organisation onusienne, pense que pour stimuler le développement économique il est essentiel de promouvoir les investissements responsables (IR) dans l’agriculture et les systèmes alimentaires (SA), garantir la sécurité alimentaire et d’offrir des opportunités d’emplois décents en particulier pour les jeunes et les femmes et contribuer au développement durable.
Cet atelier national constitue une opportunité d’échange et de réflexion avec les acteurs clés sur les investissements responsables dans l’agriculture et les systèmes alimentaires. Il est crucial de renforcer les politiques de renforcement des investissement responsables à travers un meilleur ciblage pour que les investissements contribuent au développement durable » selon lui. Les dix principes du CRI-IRA fournissent des orientations claires sur les processus, les pratiques et les normes auxquelles les investissements publics et privés devraient être soumis.
Miser sur la concertation entre acteurs et accorder plus de place aux collectivités territoriales
Parlant au nom des élus, M. Idrissa Diop, Secrétaire Général de l’UAEL et Maire de la Commune de Labgar, se dit profondément convaincu que le développement de l’agriculture ne peut se faire sans une approche concertée entre les collectivités locales, les institutions nationales et internationales, ainsi que les acteurs privés. « Nous avons besoin d’un cadre qui favorise la transparence, la responsabilisation et l’inclusion de toutes les parties prenantes, en particulier des femmes et des jeunes » a-t-il soutenu avant de saluer cette initiative de l’IPAR et de la FAO qui associe les collectivités territoriales et met en lumière leur rôle crucial des dans la promotion d’un investissement agricole responsable. Les collectivités territoriales sont, en effet, des acteurs clés dans la mise en œuvre de politiques agricoles adaptées, car elles sont au plus près des réalités des populations. Enfin, il a appelé tous les participants à s’investir pleinement dans les échanges et travaux de cet atelier afin de poser les jalons d’une agriculture résiliente, inclusive et durable, au bénéfice de des territoires et des générations futures.
Dans la presse :
Edition en Wolof du Journal SENTV 20 décembre 2024 : https://fb.watch/wDFDrKdZS-/