Figure marquante du monde paysan, Nadjirou Sall, président du Conseil d’administration du CNCR, a l’avantage d’être de toutes les grandes batailles pour le développement de l’agriculture et de l’amélioration des conditions de vie des paysans. Avec le flegme qui le caractérise, il estime que le bilan de la mise en œuvre de la LOASP, adoptée et promulguée en 2004, est mitigé. « Bien que l’objectif de reconnaître les statuts des métiers de l’agriculture au sens large, des exploitations et des exploitants, ainsi que des organisations professionnelles agricoles, soit louable, nous avons constaté un retard significatif dans sa mise en application concrète. En particulier, la reconnaissance des statuts des différents acteurs du secteur agricole et l’institutionnalisation de la concertation à travers une conférence nationale et un conseil supérieur d’orientation agrosylvopastorale n’ont pas été pleinement mises en œuvre au cours de ces 20 ans », souligne-t-il. Selon lui, l’intérêt qu’il y a à avoir une reconnaissance juridique des exploitations agricoles c’est que cela confère, à la fois, des droits et des devoirs, rappelant que dans le domaine agricole, cette clarification est essentielle. Et pour cause : « elle permet de distinguer ce qui relève de l’agriculture, de définir les droits spécifiques de ses acteurs et d’établir les obligations qui en découlent ». Pour toutes ces raisons, Nazirou Sall estime que la révision de cette loi, vingt ans, est une absolue nécessité en raison de l’évolution du contexte, notamment le retard accumulé dans sa mise en œuvre, l’absence d’intégration du secteur de la pêche et la nécessité de clarifier la stratégie d’insertion des jeunes. « De plus, la loi initiale n’a pas apporté de réponses suffisamment précises sur la réforme foncière. Ces éléments soulignent l’importance de cette révision pour adapter la loi aux enjeux actuels », avance-t-il. A la question de savoir si la non-application de cette loi est la principale raison pour laquelle l’agriculture n’a pas connu le développement espéré ces 20 dernières années, le président du Conseil d’administration du Cncr préfère ne pas être catégorique. « C’est un des éléments justificatifs », soutient-il. Non sans ajouter que si la loi avait été appliquée, « on allait avoir beaucoup mieux et ça allait accélérer en même temps notre finalité d’arriver à la souveraineté alimentaire ».
Pathé NIANG, Journaliste au Quotidien national « Le Soleil »
Source: https://lesoleil.sn/le-kiosque/le-soleil-n-16396-mardi-28-janvier-2025/#6