Sous l’impulsion du Maire de la commune et avec l’appui d’organisations partenaires dont IPAR Think Tank, African Climate Foundation (ACF), BERGRN, etc., Loul Sessène (Région de Fatick, Sénégal) a vécu ce lundi 18 août 2025 une journée de mobilisation inédite. Cette journée, dédiée au reboisement de plantes halophiles destinées à contrer la salinisation des terres, a mobilisé plusieurs centaines de jeunes et de femmes issus de 17 villages de la circonscription.
Environ 15 ha de terres ont été reboisées lors de cet évènement qui marque un tournant décisif dans la mise en œuvre des solutions pour récupérer les terres salées. Un passage à l’échelle des activités au niveau communautaire a pu s’opérer grâce à l’implication des ASC villageoises et des associations de femmes. Longtemps confinées dans des villages-test (Ndoff, Sing Boyar, Nguessine, etc.), les initiatives de récupération des terres salées s’étendent désormais à l’ensemble des localités de la commune. Des protocoles d’accord ont été signés entre la Mairie et les différentes ASC villageoises, engageant ces dernières à initier, durant la période des « navétanes » (tournois de football), en sus de leurs activités sportives et culturelles, des activités de reboisement et de veille pour la conservation des ressources naturelles.
Cette stratégie vise à donner plus d’impact aux efforts déjà prometteurs de la commune, à travers la participation d’une masse critique de personnes et notamment la sensibilisation et la préparation des jeunes à prendre la relève.
L’implication de la jeunesse est le seul moyen, selon le maire, M. Sidiya Diouf, de « minimiser les dégâts causés par le sel et récupérer les 7.500 hectares de terres qui sont sous l’emprise de la salinisation ».
La commune de Loul Sessène est en proie à un problème de salinisation des terres qui compromet drastiquement les activités économiques. Dans le village de Ndof, situé à quelques encablures d’un bras de mer, la salinisation des terres est une réalité avec laquelle les populations sont obligées de composer au quotidien. Trouvé dans un périmètre aménagé avec des diguettes et reboisé avec du « Niaoulli » et des Tamarix aphylla, non loin de son village, Abdou Sarr, chef de village de Ndof, lance un cri de cœur même si l’espoir renait grâce aux activités de reboisement. « Toutes ces terres étaient des terres agricoles (rizicoles) et des zones de pâturage, mais à cause du sel, elles n’ont pas été mises en valeur depuis des années. Toutefois, depuis l’érection de la digue anti-sel et depuis que nous avons initié ces activités de reboisement, avec l’aide des partenaires dont IPAR, les choses sont vraiment en train de changer », s’est confié M. Sarr.
A l’endroit de la jeunesse, Il lance un appel pour plus de mobilisation. « Tout ce qui se fait ici est pour la jeunesse. Donc, elle devrait être à l’avant-garde de telles initiatives. Les jeunes sont l’avenir. La réussite dépendra de leur capacité à se mobiliser et à s’approprier tout ça ».
Entretien et suivi des périmètres reboisés : des leviers pour améliorer le taux de survie des plantes
« Reboiser est facile, mais la clé pour un reboisement réussi c’est le suivi et les mesures à mettre en place pour protéger les jeunes pousses contre la divagation, les coupes abusives, etc. », c’est par ces mots que le Sergent-chef Mathias Sarr de la brigade des eaux et forêts de Fimela a exhorté les populations à inscrire le suivi post-reboisement dans leur agenda et à en faire une priorité.
En direction des ASC, il suggère d’ajouter à leurs activités de « navétanes » un suivi rapproché surtout quand le stress hydrique (l’évapotranspiration) sera à son paroxysme vers mai et juin. Les plantes ayant besoin d’eau en cette période, les ASC pourraient aider à les arroser et à mettre aussi des protections tout autour pour limiter les pertes d’eau et empêcher les plants d’être dévorés par les animaux.
Le service des Eaux et Forêts, qu’il dirige, va jouer son rôle en continuant à surveiller et à veiller à ce que les populations se conforment aux lois et réglementations en vigueur, a assuré M. Sarr. Il est primordial que les populations jouent le jeu en acceptant de dénoncer ceux qui se livrent à des pratiques contraires, déconseillées…, a-t-il conseillé.
IPAR_Loul Sessène, un partenariat à consolider !
Parmi les partenaires présents à cette journée de reboisement figure le Think Tank IPAR qui accompagne la commune depuis plusieurs années maintenant. Selon la directrice de recherche de l’organisme de recherche Dr Laure Tall, « le partenariat IPAR – LOUL Sessène date d’il y a 5 ans ». « Elle a commencé par une sollicitation du maire qui est venu à IPAR en voyant ce que nous faisions avec d’autres collectivités territoriales. Toutes les problématiques discutées avaient un lien avec le problème de la salinisation des terres. Le premier travail a été d’évaluer la superficie des terres salées dans la commune. A la suite de ça, on a travaillé sur un plan de développement structuré autour de plusieurs activités dont des formations pour les jeunes et les femmes à la saliculture », a narré Dr Tall, revenant sur l’historique du partenariat IPAR_Loul Sessène.
Ce que IPAR sait le mieux faire c’est de mettre en synergie les acteurs. Selon Dr Tall, « il faut que tout le monde se mette ensemble pour arriver à plus d’impact dans la lutte contre la salinisation des terres ». Et c’est en partant de ce principe que IPAR think Tank a appuyé l’organisation du premier forum des terres salées (janvier 2025) qui a mobilisé en trois (03) jours plus de 700 participants. Pour finir, elle dit espérer que son organisation pourra continuer à mettre ensemble les acteurs parce que « la salinisation des terres n’est pas un problème qu’une seule structure ou un seul acteur peut prendre en charge ».
Le reboisement a été suivi le lendemain (mardi 19 août 2025) d’une concertation animée par IPAR Think Tank sur l’utilisation de l’énergie solaire dans la filière horticole. Lors du forum des terres salées, il a été mentionné de nombreuses difficultés rencontrées par les producteurs maraichers avec la salinisation mais aussi à cause de l’accès à l’eau. Et parmi les solutions préconisées, il y avait l’utilisation du solaire, une question sur laquelle IPAR travaille depuis quelques années dans la zone des Niayes. Cette concertation a été une occasion pour les acteurs de la filière horticole (producteurs, fournisseurs de technologies solaires, Banques…) d’échanger sur les moyens de faciliter l’accès aux technologies solaires et de renforcer l’autonomisation économique, notamment des femmes qui occupent principalement le secteur.





























