En Afrique, notamment au Sénégal, les possibilités d’emploi et d’entrepreneuriat pour les jeunes demeurent restreintes, en particulier dans les régions rurales. Cependant, l’Union Africaine voit dans un avenir proche l’agriculture comme la principale force de transformation économique et sociale du continent africain. D’après l’organisation panafricaine, cela contribuera à diminuer la pauvreté et à créer des opportunités d’emploi pour la jeunesse africaine. D’un autre côté, les jeunes sont encore victimes d’un accès restreint à la formation, à la terre et au financement, ainsi que des contraintes liées au changement climatique qui les poussent progressivement à se détourner des secteurs agricoles au profit d’emplois précaires en ville.
Cette problématique était au centre des réflexions du Forum national de la Jeunesse du Sénégal, organisé du 26 au 27 novembre 2024 à Dakar, en préludes aux Assises de la Jeunesse de la CEDEAO, prévues en 2025. Un panel sur « Jeunesse, agriculture et changement climatique : quelle stratégie pour l’insertion socio-professionnelle des jeunes dans les métiers agricoles ? » a permis de mettre en exergue les faibles revenus enregistrés dans le secteur agricole, l’absence de perspectives de développement, la non maîtrise de l’eau et le manque d’accompagnement pour l’accès aux ressources financières. S’y ajoutent, les conséquences du changement climatique, telles qu’une augmentation des températures entrainant la destruction des cultures et une baisse de la rentabilité, les problèmes liés à la pluviométrie, la dégradation des sols, etc.
Les intervenants ont mis en évidence d’autres défis tels que la mise en place des politiques agricoles, l’accès à l’information, le manque de diversification des cultures et de sécurité foncière dans les zones rurales, l’accès à la terre et au financement, en particulier pour les femmes, la modernisation de l’agriculture, les problèmes de stockage et d’innovation, entre autres.
Autant de facteurs qui entrainent une diminution du rendement, un abandon d’activité et détournent les jeunes de ce secteur pourtant essentiel pour la transformation économique et sociale de l’Afrique. Les vagues de migration vers l’Occident impliquant majoritairement des jeunes, notées ces dernières années, (émigration clandestine à bords des « pirogues de la mort », etc.), sont, en partie, imputables à cette situation qui gangrène le secteur agricole.
Au cours du panel, des pistes ont été avancées pour surmonter ces obstacles. Il s’agit, entre autres, de la révision des politiques publiques et agricoles, de la formation incluant des modules sur le changement climatique et l’agroécologie, des investissements pour l’adaptation, d’un fonds de financement et d’insertion des jeunes ainsi que d’un fonds de garantie, d’une modernisation de l’agriculture, d’un accès au foncier, d’une bonne gestion de l’eau, d’un taux de financement acceptable, d’un renforcement des capacités, d’un soutien aux initiatives d’incubation et d’accélération, ainsi que de l’accès aux technologies et à l’innovation.
M. Mamadou DIOP, Chargé de programme du Collège des jeunes du CNCR et Conseiller en insertion agricole/IRRA, Mme Hawa Françoise Diallo, Entrepreneure agricole et résidente du GIE Dande Mayo spécialisé dans la transformation des produits locaux, M. Mouhamadou Abib KEBE de la Plateforme Nationale des Clubs Changement Climatique du Sénégal (PN3C) et M. Joël Gaspard Economiste à la DAPSA, ont animé ce panel modéré par M. Alassane Seck, chargé des politiques agricoles et du renforcement des capacités à IPAR Think Tank.
L’engagement politique et citoyen des jeunes : clé de l’avenir
Au Sénégal, il est unanimement reconnu que les jeunes ne sont pas suffisamment impliqués dans les processus d’élaboration des politiques publiques. Leur engagement civique et politique est également faible, malgré les défis qui les tenaillent et leurs fortes aspirations sur les plans économique et social (emploi, loisirs, prise de décision, etc.). Afin d’amener les parties prenantes du forum à une réflexion pour stimuler l’engagement politique et citoyen de la jeunesse, un panel est organisé sur le thème « Jeunesse, Engagement citoyen et Gouvernance : comment tirer profit du dividende démographique de la jeunesse pour accroitre l’engagement citoyen et la redevabilité ? ».
Les panélistes ont vivement encouragé les jeunes à s’impliquer en politique, à prendre part aux réflexions et à être présents dans les instances de prise de décision. De plus, ils plaident pour une stratégie pour promouvoir l’intégration des jeunes.
Il est signalé qu’un montant de 5 milliards de Fcfa a été alloué à la mobilisation des citoyens sénégalais sur les 12 milliards de financements reçus par le Consortium Jeunesse Sénégal (CJS). L’objectif est d’accompagner un million de jeunes sénégalais, y compris 650 organisations de jeunes dans différents secteurs a fait savoir Mme Fatou Khouma du CJS qui a pris part au panel.
La session a été animée par M. Papa Ibrahima Diagne, juriste en droit privé et coordinateur du mouvement FixPolitics Sénégal, M. Ndiké Samb, Président du Club de la CEDEAO, M. Ismaila Badiane, Président du « Réseau Jeunesse et Politique en Afrique de l’Ouest » et Mme Fatou Khouma, Chargée de communication du Consortium Jeunesse Sénégal. Le panel est modéré par M. Mountaga Sall, coordonnateur adjoint de l’unité d’appui au développement de IPAR Think Tank.
Le processus des Assises de la CEDEAO est coordonné, pour le compte de la CEDEAO, par IPAR think tank
Le Forum National de Jeunesse dans la presse :
Medi1 TV : https://youtu.be/Y-63PKhbxeA?si=VoMfsiDnUoWCv1kD
Le Quotidien : https://lequotidien.sn/forum-national-de-la-jeunesse-khady-diene-gaye-exhorte-les-jeunes-a-rester-au-pays/