Alors que le monde n’a jamais été aussi riche et aussi avancé, la faim touche plus de 800 millions de personnes en 2022. Ce paradoxe est accentué par les conséquences du COVID 19 et plus récemment par la guerre en Ukraine.
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Les crises alimentaires successives et les flambées conjoncturelles des prix des céréales de base comme le riz (émeutes de la faim de 2008) et le blé donnent un visage encore plus dramatique à un phénomène tout aussi structurel. En effet, la faim et la malnutrition sont surtout révélatrices des injustices et inégalités qui caractérisent les relations économiques internationales dans une logique ultralibérale perpétuant la mise sous tutelle des pays du sud et de leurs peuples.
La souveraineté alimentaire est un concept qui prend le contre-pied de la logique d’extraversion qui a sous-tendu les politiques économiques et sociales des pays africains depuis l’indépendance. Elle s’articule aux réalités du monde paysan africain qui invitent à la reconnaissance de valeurs et de pratiques consubstantielles au type de société et à son mode de fonctionnement familial. Pourtant, elle a été développée au milieu des années 90 par les mouvements sociaux paysans du nord comme Via Campesina et le Forum de la Souveraineté Alimentaire des Peuples qui inspirent encore aujourd’hui, avec le mouvement altermondialiste, les positions des organisations paysannes africaines porteuses de la revendication pour la souveraineté alimentaire. Elle permet de se donner une ambition qui dépasse la notion de sécurité alimentaire et met en exergue la disponibilité et l’accès à une nourriture suffisante, saine et nutritive.
L’Afrique est depuis le siècle dernier le continent le plus dépendant du point de vue de l’alimentation avec une proportion de 30% de la population qui souffre de la faim (source FAO). La faim chronique et la malnutrition y ont des conséquences graves depuis des générations et cela va au-delà des images d’enfants éthiopiens ou nigériens fortement éprouvés condamnés à la mendicité. Elles ont des conséquences sur la santé mentale et physique de millions d’Africains ainsi que sur les performances de tout ordre.
Maitriser les moyens de production propre ou renoncer à la souveraineté alimentaire
A mi-chemin de l’horizon des ODD (2030), les manifestations de l’insécurité alimentaire touchent profondément les populations africaines : déficits alimentaires conjoncturels, et parfois cycliques, liés aux variabilités du marché mondial de certaines céréales d’importation auxquelles les pays sont surexposés, variabilités climatiques, politiques agricoles inadaptées.
Les facteurs structurels de la dépendance alimentaire du continent sont plus pesants. Pourtant, malgré la fragilité des écosystèmes et les agressions multiples, l’Afrique est l’un des continents d’avenir où l’on dispose encore de suffisamment de terres, de ressources pour satisfaire ses propres besoins. Le déficit d’investissements et de ressources financières conditionne la maitrise de l’eau et l’irrigation.
Les difficiles conditions de production ont entre autres facteurs, généré une déstructuration des sociétés paysannes de plus en plus confrontées à l’exode de leur forces vives et à une déperdition des mémoires technologiques et culturelles. Des terroirs agricoles africains sont envahis ou menacés par des multinationales et entrepreneurs nationaux ou étrangers. La renaissance et le développement de l’agriculture africaine sont les principales conditions de la souveraineté alimentaire pour l’Afrique. Elles dépendent à leur tour fortement du contrôle, de la sécurisation et de la régénération des sols, d’une révolution technologique maitrisée et d’un investissement massif dans l’agriculture familiale, sans exclure des modèles d’affaires inclusifs portés par le secteur privé national et international.
Mais la révolution agricole ne saurait être une copie des révolutions occidentales ou asiatiques. Elle doit promouvoir une agriculture familiale modernisée, s’appuyant sur des techniques protégeant le sol, l’eau et le climat, partout dans le monde mais surtout en Afrique où ce modèle est encore proche de la réalité actuelle.
Les autorités politiques semblent de plus en plus conscients des défis qui se posent à l’Afrique, mais disposent-elles de moyens endogènes pour définir et contrôler la trajectoire souhaitée ?
Quel contenu donner à la souveraineté alimentaire au Sénégal dans le sens de la mobilisation générale suggérée par le Président Macky Sall lors de son adresse à la nation du 04 avril ?
Comment évaluer les investissements consentis ces dernières décennies pour l’atteinte de l’autosuffisance en riz ?
Quelles sont les voies d’accélération d’une souveraineté alimentaire basée sur les productions locales et des modalités de transformation adaptées aux besoins des nouveaux consommateurs ?
C’est pour répondre à ces questions que le Think tank IPAR, RASA, et SENRTT organisent un webinaire public.
Déroulé du panel :
- Introduction par le modérateur, M. Ahmed Bachir Diop (IPAR), sur les objectifs et les enjeux de ce panel
- Cadrage par le Dr Ibrahima Hathie, chercheur émérite de IPAR sur les défis et opportunités pour aller vers une souveraineté alimentaire dans un contexte mondial défavorable
- Panel composé de :
- M. Abdou Karim Fofana, ministre en charge du suivi du PSE, sur la vision à long terme du gouvernement en matière de souveraineté notamment alimentaire au regard des perspectives Post-COVID et à la crise ukrainienne
- Mme Mame Khary Diene, consultante, spécialiste des chaînes de valeurs agricoles et de l’Entreprenariat des jeunes
- M. Nadjirou Sall, Président du CNCR sur la contribution des organisations paysannes et leurs attentes pour contribuer à produire ce que l’on consomme et consommer ce que l’on produit au Sénégal
- M. Bagore Bathily (Laiterie du Berger), de quelle marge dispose le secteur privé et sur quoi est-il disposé à s’engager ?
Suivi de débats et échanges
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