En 2014, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) rapportait que plus de 70% des habitants des pays en développement vivent dans des sociétés moins égales qu’en 1990 en termes de revenus, même si beaucoup de ces pays sont désormais plus riches. Les progrès n’ont pas été bien répartis.
Dans son rapport « Aucun enfant oublié », Save Th e Children (2016) rapporte que les progrès récents dans la réduction de l’extrême pauvreté n’atteignent souvent pas les enfants les plus vulnérables en raison de leur lieu de résidence, de leur sexe, ethnie ou de leur handicap ou parce qu’ils sont victimes de confl its. Autant de critères discriminants qui maintiennent les groupes les plus vulnérables dans une situation de précarité permanente.
C’est dans l’esprit de réduire ces inégalités et de promouvoir un développement inclusif que les objectifs de développement durables (ODD) ont adopté pour crédo «ne laisser personne pour compte ». L’ODD 10 illustre parfaitement cette volonté de réduire les inégalités au sein des pays et entre les pays. Il se concentre non seulement sur l’inégalité des revenus, mais aussi sur la discrimination et le désavantage en général. Il appelle à «l’inclusion sociale, économique et politique de tous, indépendamment de l’âge, du sexe, du handicap, de la race, de l’origine ethnique, de l’origine, de la religion ou du statut économique ou autre».
Au Sénégal, le Plan Sénégal Emergent (PSE), traduit cette préoccupation de prise en charge des personnes vulnérables à travers ses programmes de protection sociale découlant de son axe stratégique 2 : « Capital humain, Protection sociale et Développement durable ». En effet, « les systèmes, politiques et programmes de protection sociale et de promotion du travail aident les individus et les sociétés à gérer le risque et la volatilité et les protègent contre la pauvreté et le dénuement – grâce à des instruments qui améliorent la résilience, l’équité et les opportunités » (Banque mondiale, 2012).
L’examen des filets sociaux du Sénégal réalisé par la Banque mondiale en 2015 soulignait le fait que leur couverture était limitée. Avant 2013, l’assistance sociale ciblée sur les populations vulnérables se limitait à des programmes de bons alimentaires et de transferts monétaires axés sur la nutrition des enfants soutenus par le Programme Alimentaire mondial (PAM) (FAO, 2016). En 2014, les fi lets de sécurité sociale n’étaient pas capables de réagir rapidement et, encore moins, d’augmenter l’échelle et l’envergure des réponses aux crises. Les systèmes formels d’assurance maladie n’off raient l’opportunité de couverture du risque maladie qu’aux familles dont le chef était employé dans le secteur moderne. Ce dispositif ne prenait donc en compte que 20% des sénégalais et excluait la majorité (80%) de ceux employés dans les secteurs ruraux et informels (PSE, 2014) ».
Pour autant, la part du budget de l’État allouée au secteur de la santé a été en hausse régulière ces dernières années. La priorité accordée au secteur de la santé s’est traduite par une augmentation constante du budget du ministère de la Santé qui est passé de 134,5 milliards FCFA en 2015 à 150 milliards FCFA en 2016 soit une augmentation de 11.54 % en valeur relative (ANSD, 2016)2.
Ainsi, le Sénégal dépense plus dans le secteur de la protection sociale que les autres pays de la région en proportion du PIB, bien que la majeure partie des dépenses soit consacrée aux dépenses d’assurance sociale. En effet, la moyenne des dépenses de protection sociale des pays de la région pour lesquels les données sont disponibles se situe à 2,5% du PIB, alors que les dépenses totales du Sénégal oscillent au-dessus de 3%.(Banque mondiale, 2017).
Cependant, malgré les progrès réalisés, le Sénégal n’a pas encore atteint les normes préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour la couverture sanitaire (ANDS 2016). Le pays affiche encore des scores faibles en termes de taux de mortalité infanto-juvénile et maternelle, de nutrition et d’éducation (Banque Mondiale, 2017).
A cela s’ajoute des inégalités face à l’accès aux services de base et aux infrastructures (eau, santé, éducation, transport, services économiques) entre le milieu urbain et le milieu rural. Les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage (RGPHAE) montrent un taux d’alphabétisation plus élevé en milieu urbain, 57,9%, qu’en milieu rural où il n’est que de 33,8% (ANSD, 2016). Ainsi, la population active, majoritairement agricole, souffre d’un taux élevé d’analphabétisme et de sous-emploi en plus de l’exposition de ses activités aux aléas climatiques (PSE, 2014).
On note par ailleurs que 84,9% des ménages urbains ont accès à une source d’eau améliorée contre 62,6% en milieu rural (ANSD, 2015).
Ainsi, alors qu’au Sénégal, 53,2% de la population vit en milieu rural (ANSD, 2017), comparée au milieu urbain, la population rurale est plus affectée par l’incidence de la pauvreté. On observe ainsi que le quintile le plus bas et le second concernent respectivement 33,7% et 31,2% de la population. Le milieu urbain enregistre pour ces deux catégories 2,2% et 5,5% (ANSD, 2015).
C’est dans ce contexte que sont nés divers programmes de sécurité sociale dont le Programme Couverture Maladie Universelle (CMU), et le Programme National de Bourses de Sécurité PNBSF et des programmes d’équité territoriale comme le Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC). Tandis que la CMU et le PNBSF ont pour objectif d’étendre la couverture sociale aux groupes les plus vulnérables. Le PUDC, se propose d’impulser une dynamique de croissance économique endogène, intégrée et soutenue pour réduire les inégalités d’accès aux services sociaux de base entre les centres urbains et les zones rurales.