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Forum Evidence 2025 : l’IPAR et ses partenaires engagés pour des politiques publiques fondées sur les données probantes.

Du 30 septembre au 02 octobre 2025, une forte délégation de l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) et de ses partenaires a pris part au Forum Evidence 2025 qui s’est tenu à Cotonou, au Bénin.

Cette rencontre d’envergure continentale autour de la prise de décision fondée sur les preuves (EIDM) avait pour objectif de favoriser la collaboration de ceux qui sont engagés ou qui soutiennent l’EIDM en Afrique, d’accroitre la connaissance et la compréhension de l’EIDM, de renforcer les capacités à travers l’écosystème entre autres. Sous la houlette de l’IPAR, la délégation était composée de l’Honorable Député Samba Dang, président du Réseau des Parlementaires pour la Protection de l’Environnement au Sénégal (REPES) et l’équipe du projet LEEPS. Plusieurs institutions du Sénégal, du Mali et du Burkina Faso ont, également, participé à ce grand rendez-vous sur les données probantes, telles que la Direction de l’Équité et du Genre, Seneval, ainsi que la Plateforme des Acteurs Non Étatiques (PFANE). Le Mali était représenté par l’Agence de l’Environnement et du Développement Durable, l’Institut National de la Statistique et le Conseil National de la Jeunesse tandis que la délégation du Burkina Faso était composée de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie, de l’ONG HELP, du Centre d’Étude, de Documentation et de Recherche Économique et Sociale (CEDRES), de l’ONG CESEO, ainsi que des points focaux du Projet LEEPS. Plus de 200 acteurs se sont retrouvés au Bénin, un pays cité comme pionnier en Afrique francophone dans l’utilisation des données probantes. Pendant trois jours, les participants ont travaillé à combler le fossé entre les producteurs et les utilisateurs de données probantes, créant ainsi un espace de dialogue, de co-construction et de solutions partagées au service du développement.

Le parlementaire Samba Dang salue le travail de l’IPAR et plaide pour la création d’un Institut parlementaire africain dédié aux données probantes.

Le Député Samba Dang a pris part à un panel de haut niveau sur « l’avenir des politiques fondées sur des données probantes en Afrique », organisé en marge de la cérémonie d’ouverture.

Le parlementaire a profité de l’occasion pour saluer les initiatives de l’IPAR en faveur des parlementaires et plaider pour la création d’un Institut parlementaire africain dédié aux données probantes. L’honorable député a axé son intervention sur l’importance du rôle des élus dans la promotion des politiques fondées sur des données probantes. Son plaidoyer s’est articulé autour de plusieurs priorités : le partage de bonnes pratiques entre parlementaires africains ; la mise en place d’une coopération réelle entre parlements africains ; le renforcement des capacités des parlementaires ainsi que de la société civile en matière de production et d’utilisation des données probantes. Le député a également préconisé une collaboration plus étroite entre parlementaires et ONG afin de mieux répondre aux besoins des populations. Enfin, il a appelé à la création d’un Institut parlementaire africain dédié à la formation et à la recherche. Il a souligné que les parlementaires doivent avoir un accès effectif à des données fiables et probantes pour contrebalancer l’action de l’exécutif et renforcer la redevabilité publique. Pour garantir des politiques publiques efficaces en Afrique, il est indispensable de miser sur les données probantes. Dans ce sens, les autres panelistes ont plaidé pour la promotion de l’usage de l’intelligence artificielle afin d’accélérer les réformes et moderniser l’action publique. Ils ont également appelé à des reformes, à une démocratisation et au renforcement de capacités des institutions parlementaires et citoyennes, à des investissements dans le renforcement des compétences, à l’implication des communautés, surtout les jeunes et les femmes, à la formation des parlementaires, à la promotion de la transparence, de l’accessibilité et de l’investissement au service de la gouvernance.

Amadou Gueye prône une meilleure utilisation des données probantes

Au deuxième jour du Forum Evidence 2025, Dr Amadou Gueye, chercheur à IPAR et coordonnateur du projet LEEPS, a participé à un panel sur « L’art et la science de promouvoir une prise de décision fondée sur les preuves : lancement d’une carte mondiale des preuves vivantes ».

L’objectif poursuivi à travers ce panel était de susciter une conversation interactive mettant en lumière les différents aspects de la carte des preuves vivantes, afin de la présenter comme une ressource pratique et évolutive. Cette carte illustre à la fois les connaissances existantes, les lacunes à combler et leurs implications pour les bailleurs, décideurs et praticiens, tout en établissant un lien entre sa version actualisée et la présentation spéciale.

La carte des écarts de données a permis de mettre en évidence plusieurs enjeux majeurs liés à la production, à l’utilisation et à la diffusion des données probantes à l’échelle mondiale.

Dr Amadou Gueye a également livré une lecture approfondie de la situation actuelle en matière d’existence et d’utilisation des données probantes. Il a relevé plusieurs constats notamment la concentration géographique des données probantes qui sont majoritairement disponibles dans les pays en développement, une forte inégalité entre les régions et la sous representation de l’espace. Il a aussi souligné la concentration thématique des données qui se focalisent sur certains thèmes au détriment d’autres ; ce qui limite leur portée. Selon Dr Gueye, l’utilisation d’une méthodologie pour la mise en place d’approches robustes est essentielle pour améliorer la qualité et l’impact des données.

D’après lui, les données probantes jouent un double rôle à savoir rendre visible l’invisible et décomplexifier ce qui paraît complexe afin de faciliter la prise de décision.

Il a également insisté sur la nécessité de changer l’approche d’utilisation des données par les acteurs, en dépassant la perception selon laquelle il s’agirait d’une « science nouvelle ».

L’enjeu, selon lui, est de créer un véritable système d’interaction entre producteurs et utilisateurs de données, appuyé par une volonté politique affirmée. Concernant la durabilité, Amadou Gueye a souligné la reconnaissance des données comme levier incontournable du développement, l’importance d’une recherche collaborative alignée sur les plans nationaux de développement, la nécessité pour les États de reconnaître la rentabilité et la valeur ajoutée des données dans l’élaboration des politiques publiques.

Il a rappelé que la durabilité suppose d’intégrer les données dans les politiques publiques avec une approche tenant compte de la variabilité, de la vision à long terme et de la continuité des actions de développement des Etats.

Les autres panélistes ont notamment insisté sur la relation entre chercheurs et décideurs ainsi que sur l’efficacité des données dépendant de la qualité de ce lien. S’y ajoute une meilleure interaction pour transformer les résultats de recherche en outils concrets pour les politiques publiques. Les différentes interventions, ont souligné l’évaluation et l’impact des données qui doivent être mesurés non seulement en termes de qualité mais aussi en termes d’influence réelle sur le développement.

Il est ressorti que la traduction systématique des données en politiques publiques favorise des décisions davantage fondées sur des preuves. Il est aussi essentiel de partager davantage les résultats de recherche dans des espaces d’apprentissage inclusifs et d’investir plus dans la recherche et la production de connaissances.

Le rôle des bailleurs de fonds a également été souligné. Pour eux, l’utilisation des données se trouve au cœur de l’équité et du développement. Ils ont rappelé la nécessité de prioriser les données pour obtenir des résultats durables.

Les intervenants ont ainsi préconisé l’élaboration d’un agenda de traduction des données pour en faire des outils opérationnels, la mise en place d’un agenda mondial de recherche arrimé aux réalités locales, notamment dans le Sud, afin de réduire les déséquilibres avec le Nord. Ils ont aussi mis en exergue le besoin d’unité dans la production des données, de mécanismes partagés et d’une interaction renforcée dans le circuit global des données.

Cette participation collective témoigne de l’engagement de l’IPAR et de ses partenaires à promouvoir l’utilisation des données probantes comme levier stratégique pour l’élaboration de politiques publiques efficaces et inclusives en Afrique. Pour rappel, le Forum Evidence 2025 est un événement novateur qui rassemble la communauté panafricaine afin de promouvoir la prise de décision fondée sur des données probantes (EIDM) à travers le continent. Cette initiative collaborative vise à favoriser les liens, à approfondir la compréhension et à renforcer l’impact de l’EIDM, dans le but ultime de réduire la pauvreté et les inégalités en Afrique.