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Plus de 5,6 milliards de pertes post-récoltes dans le département de Podor, dont 2,5 dans la zone de Fanaye en 2022

Publié le 21 juillet 2024

L’IPAR a restitué ce lundi 15 juillet à Fanaye, les résultats d’une étude sur les pertes post-récoltes et les besoins en infrastructures de stockage et de conservation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques du département de Podor.

Le département de Podor représente 68% de la superficie de la région de Saint-Louis et son économie repose essentiellement sur la production agricole, l’élevage et la pêche. Elle est drainée par quatre cours d’eau et dispose de 140 000 ha de terres irrigables dont 27 000 ha aménagés. Dans un élan d’une meilleure gestion et valorisation de la production locale, les producteurs du département avaient déjà unanimement constaté l’état aggravé des pertes post-récoltes. Ils l’avaient signalé lors de la tenue de la deuxième édition de la Revue Conjointe du Développement Local (RCDL) et suggéré, à cette occasion, une réflexion afin d’y apporter des solutions.

Sur la demande du maire de Fanaye, cette étude conduite par l’IPAR dans le cadre du Projet PSS/USAID mis en œuvre par DAI et IPAR, a cherché à évaluer les besoins en infrastructures de stockage et de conservation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques de la commune de Fanaye et environs, tout en explorant des opportunités similaires à l’échelle du département de Podor. Cette étude a ainsi été restituée le lundi 15 juillet à la mairie de Fanaye avec plus de 70 représentants des différentes catégories d’acteurs, y compris les élus.

La restitution s’est tenue en présence du Préfet de Podor, du Sous-Préfet de Thillé et son adjoint, le SG du Conseil départemental, des représentants du PSS/USAID, du Ministère des Finances en charge des partenariats public privé, du Marché d’Intérêt National de Diamniadio, de 09 Maires d’autres collectivités de Podor et du Directeur exécutif de l’IPAR.

Il ressort de cette étude :

  • Que l’absence d’infrastructures de stockage et de conservation adaptées a entrainé une perte post-récolte estimée à 5 612 789 825 FCFA, dans le département de Podor en 2022, dont plus de 2 milliaires 5 Cent à Fanaye et Environs et que la quasi-totalité des cultures sont touchées (riz, oignon, tomate, gombo, banane, patate douce, lait, poissons, etc.), dont plus de 1 milliard 300 millions pour l’ognon dans la zone de Fanaye, la Banane plus de 798 millions dans la même zone, le lait plus de 91 millions, entre autres.
  • Les services fournis par les Infrastructures de Stockage et de Conservation (ISC) ne sont pas satisfaisants et ils ne sont pas utilisés ou peu utilisés depuis leur mise en place.
  • La plupart des ISC ne sont pas adaptées au besoin réel de stockage des acteurs ASPH (matériaux inadaptés au climat de la zone ou aux produits destinés à être conservés, non-respect des spécifications techniques de conservation des produits ASPH, etc.).
  • Des détournements d’objectifs fréquents de ces ISC (stockage d’engrais ou d’autres produits à la place des produits agricoles ciblés, généralement l’oignon et le riz).
  • Les Comités de gestion ne sont pas capacités aux métiers de stockage et de conservation, entrainant plusieurs problèmes : manque de financement adéquat notamment pour l’entretien et la maintenance des infrastructures de stockage, des équipements de stockage non appropriés et un personnel non formé entrainant un manque de compétences techniques et des problèmes de gouvernance.

Parmi les causes décelées par l’étude :
La mauvaise pratique de récolte (non-respect des dates de récolte conseillées, insuffisance de matériel de récolte entrainant des méthodes artisanales de récolte, etc.) ; la mauvaise planification de la production ; l’absence de magasin de stockage, de conservation, de transport adapté et d’abattoir avec système de froid ; le non-respect du calendrier cultural, l’utilisation excessive de fertilisants et pesticides chimiques qui ; l’absence de marché et de planification de la production ; le manque d’unités de transformations, entre autres.

L’étude recommande dans ce sens :
Une concertation avec les acteurs et évaluation des besoins réels ; Rendre opérationnelles les infrastructures de stockage et de conservation déjà installées ; l’intégration de technologies appropriées et innovantes dans les ISC ; le renforcement des capacités des gestionnaires ; l’amélioration de la qualité des produits agricoles et agroalimentaires ; Accompagner l’agriculture bio ; la diversification et bonne planification de la production agricole et agro-alimentaire ; la promotion dans le département de l’assurance stockage proposée par la Compagnie Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal (CNAAS) ; la facilitation de l’accès au foncier pour l’installation d’infrastructures de stockage et de conservation ; la promotion d’une consultation structurée de la coopération et du Partenariat Public-Privé (PPP), mais aussi des systèmes et mécanismes de transformation.

Présentation synthétique de l’étude et les résultats téléchargeable en bas de page

L’étude est réalisée par Monsieur Alassane Seck, économiste-statisticien, responsable des politiques agricoles et du renforcement des capacités à l’IPAR, et Monsieur Aboubakry Diallo, économiste, coordonnateur de l’antenne régionale de l’IPAR couvrant le département de Podor et la Vallée du fleuve Sénégal.

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Chérif Sambou Bodian
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Presse locale : Podor Ma Ville - Vidéo PODOR :DES PERTES POST RÉCOLTES ÉVALUÉES À 5 MILLIARDS DE FRANCS CFA PAR AN (étude) Les producteurs de Podor (nord) perdent

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