1 CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Le phénomène d’acquisition des terres à grande échelle (ATGE) constitue depuis la seconde moitié des années 2000 une préoccupation majeure de plusieurs pays en développement, en particulier ceux de l’Afrique Subsaharienne. Des investisseurs nationaux et étrangers, tant des secteurs public que privé, mettent la main sur de vastes étendues de terres fertiles à des fins de production agricole. L’avenir des moyens d’existence des agriculteurs, pasteurs, forestiers et pêcheurs dépend de la réponse que les gouvernements africains apportent à ce nouveau défi. Il est par conséquent important de mieux appréhender les caractéristiques et les tendances de ce phénomène afin de proposer des stratégies et des mécanismes de régulation efficaces.
C’est dans cette optique que le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), par l’intermédiaire de son programme Gouvernance, Sécurité et Justice, a lancé en 2011 des activités en Afrique Sub-saharienne visant à rendre les processus d’investissement foncier plus responsables et équitables, de même qu’à prévenir les conflits sociaux autour de la terre. À cet effet, le CRDI a appuyé cinq projets de recherche-action couvrant dix pays pour une durée de trois ans afin d’étudier les conditions favorisant une reddition des comptes ainsi qu’un meilleur accès à la justice dans le cadre des processus d’investissement foncier. Ces recherches envisagent de tester divers outils et méthodologies en vue d’améliorer la capacité des collectivités à négocier des conditions équitables et de protéger leurs droits et intérêts.
Les projets qui ont bénéficié de l’appui du CRDI ont produit des résultats préliminaires méritant d’être exploités avant de compléter les études démarrées. C’est pour tirer parti de ces recherches que le CRDI a organisé, en collaboration avec l’Ambassade du Canada au Sénégal et l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), un atelier de deux jours intitulé « Atelier sur les acquisitions des terres à grande échelle en Afrique : Utiliser la recherche-action pour accroître la reddition des comptes », suivi d’une journée de « Dialogue stratégique pour une gouvernance foncière responsable ». Ce rapport de synthèse vise à documenter le contenu des échanges et discussions lors de ces trois journées d’atelier.