La révision et l’actualisation de la Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP) engagées par l’Etat du Sénégal à travers le Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage (MASAE) se veut un processus participatif et inclusif. Toutes les catégories d’acteurs sont ciblées afin de permettre à chacun de se prononcer sur les 20 ans de mise en œuvre de la LOASP (2004-2024), d’apprécier les succès et échecs enregistrés et de formuler des recommandations pour une deuxième génération de la loi plus inclusive et adaptée aux aspirations des acteurs des secteurs agro-sylvo-pastoraux et halieutiques.
Dans un entretien accordé au quotidien national « Le Soleil », dans sa livraison du 03 mars 2025 (page 06), Dr Cheikh Oumar Ba, directeur exécutif de IPAR Think Tank et coordonnateur du Comité d’Evaluation, de Révision et d’Actualisation de la LOASP (CERAL), soutient qu’avec la méthodologie et l’approche adoptées, « la nouvelle loi permettra d’institutionnaliser la concertation entre l’Etat et les organisations socioprofessionnelles ». Prenant l’exemple du secteur de la pêche dont les acteurs étaient en concertation à Saly du 24 au 25 février 2025, Dr Ba précise que « cela sera une occasion de discuter régulièrement des politiques sectorielles agro-sylvo-pastorales et halieutiques avec le Chef de l’Etat à travers l’institutionnalisation du Conseil supérieur d’orientation Agro-Sylvo-Partorale (CSOASP). « Ça sera aussi l’occasion d’éclairer la lanterne des sénégalais sur certaines questions telles que la politique des subventions, d’informer et de discuter de qui bénéficient réellement de ces subventions et qui en profitent, de voir comment s’assurer de la transparence dans leur gestion », a fait savoir Dr Ba. Il s’agira également selon lui « de permettre aux acteurs d’apprécier, chaque année, les politiques publiques ». Autre élément à noter, « les concertations annuelles seront une opportunité pour discuter des relations avec nos voisins, discuter des repos biologiques et prendre en charge la question des données dans le secteur de la pêche notamment ce que fait la recherche et la connaissance des stocks ».
Intégrer de façon plus explicite la pêche et l’aquaculture
La LOASP ne parle pas explicitement de la pêche qui est pourtant un secteur phare de l’économie sénégalaise. Dr Ba a soutenu qu’en 2022, les débarquements étaient estimés à 453000 tonnes de poissons et que presque 225 milliards de FCFA ont été injectés dans l’économie nationale. Eu égard à l’importance de la pêche, les propositions des acteurs du secteur vont dans le sens de d’intégrer le volet « pêche » dans l’intitulé de la nouvelle loi. On parle aujourd’hui de Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale et halieutique (LOASPH). Et c’est d’autant plus important, selon Dr Ba qu’aujourd’hui « l’exploitation du pétrole et du gaz est porteuse d’enjeux majeurs qu’il ne faut pas occulter ». Il est possible de « trouver une forme de cohabitation et de voir comment les ressources tirées du pétrole et du gaz peuvent être injectées dans les politiques de pêche », a-t-il fait savoir.
Dans la nouvelle loi, « l’aquaculture est également une dimension à ne pas négliger, au même titre que la pêche continentale », d’après Dr Ba qui recommande de mettre en place des stratégies pour que ces sous-secteurs bénéficient d’une attention particulière.
Dr Ba estime que les acteurs de ces sous-secteurs devraient parler le même langage et accepter de se regrouper et d’être redevables. « Il est important de voir dans le cadre des pôles régionaux comment valoriser le potentiel de chaque entité concernant le secteur de la pêche dans le cadre des économies territoriales. Pour finir, il estime qu’il faut que la nouvelle loi puisse faire l’objet d’un suivi régulier et d’une évaluation permanente car l’ancienne loi a souffert d’un défaut de suivi et d’évaluation ».
Source: Le Soleil (Livraison du Lundi 03 mars 2025, page 06).