La prise en compte de l’élevage pastoral dans les politiques agricoles au Sénégal est l’une des principales recommandations des « Fenêtres sur l’agriculture » dont la 8e édition s’est tenue vendredi dernier, à l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (Ensa) de Thiès.
La rencontre initiée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar) a réuni plusieurs acteurs du secteur de l’élevage, agents de santé et étudiants de l’Ensa et de l’Ufr santé de l’Université de Thiès. Les débats ont porté sur la problématique de l’élevage pastoral et la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sénégal. Une occasion saisie par Vincent Martin, représentant-résident de la Fao pour déplorer « la faible prise en compte de l’élevage pastoral dans les politiques agricoles au Sénégal alors que ce secteur gagnerait à être pris en compte pour mieux le positionner dans les dimensions économiques, sociales, communautaires et même nutritionnelles ». Surtout, ajoute-t-il pour ce que l’élevage représente dans la zone ouest-africaine avec une moyenne de 44 % du produit intérieur brut (Pib) ».
Cependant, le constat du danger des maladies animales qui jouent un rôle déterminant dans la circulation des pathogènes, ces dernières années a été fait. Plusieurs crises sanitaires ont mis en évidence l’impact mondial des maladies émergentes sur la société, y compris des zoonoses. On peut noter l’encéphalopathie spongiforme bovine, l’influenza aviaire hautement pathogène, la pandémie grippale à virus H1N1 et tout récemment la maladie à virus Ebola. « Cette maladie d’ailleurs a eu un impact assez négatif sur la production agricole en Afrique de l’Ouest, particulièrement dans les pays affectés » a souligné un paneliste qui a noté 10.000 cas de décès humains en 2014 causés par le virus Ebola, surtout en Guinée, au Liberia et en Sierra-Leone avec également son impact négatif considérable sur la production agricole et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des zones affectées.
Par ailleurs, le commandant Babacar Youm de la direction des parcs nationaux, dans sa communication sur : « Faune sauvage dans la sécurité alimentaire », a indiqué que, « sur plus de 300 nouvelles découvertes de maladies entre 1940 et 2004, 60 % de cas ont été transmis par l’animal à l’homme et vice versa ».
Ainsi, avec la nouvelle approche, « One health » (Une seule santé), dont le principal objectif est d’améliorer la santé globale des populations, le renforcement des approches multidisciplinaires et intersectorielles, à la fois au niveau local, national et international, à l’interface de la santé humaine, animale et environnemental est recommandé pour permettre aux différents responsables des secteurs en charge des politiques de la sécurité alimentaire à l’échelle du continent de relever ce nouveau défi.
C’est dans ce contexte marqué, à la fois, par l’ampleur de la tâche et la nécessité de mobiliser différentes disciplines et professions, que la Fao et Ipar ont initié ces « Fenêtres sur l’agriculture », pour favoriser l’émergence de cette approche au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Elles veulent faire comprendre aux hommes politiques comment un tel concept peut contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un pays comme le Sénégal, tout en mobilisant les efforts pour permettre la traduction du concept aux populations. Mais aussi et surtout, encourager les initiatives naissant chez les étudiants et les jeunes professionnels dont les agronomes, vétérinaires et médecins.
El hadji Mohamadou SAGNE