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Lesoleil.sn - « Renforcer le rôle de l’eau et l’assainissement dans la riposte contre le Covid-19 »

Publié le 29 avril 2020

La station de traitement des eaux usées peut être utilisée pour surveiller la circulation du coronavirus, a déclaré Dr Ousmane Sène de l’Initiative Prospective agricole et rurale (Ipar). Il s’est fondé sur une récente étude qui a mis en évidence la présence de Sars-Cov-2 dans les matières fécales ; ce qui n’écarterait pas une transmission du CoV-2-Sars par la voie fécale.

Le secteur de l’eau et de l’assainissement a un important rôle à jouer dans la recherche de réponse à la pandémie du coronavirus. Certains spécialistes émettent l’idée d’élargir la vocation des stations de traitement des eaux usées. « Nous pouvons transformer les infrastructures de traitement des eaux usées en observatoires de santé publique », déclare Dr Seydina Ousmane Sène, enseignant-chercheur. Cette proposition est loin d’être anecdotique pour plusieurs raisons.

Une récente étude a mis en évidence la présence du coronavirus dans les matières fécales en Chine. « Tout récemment, une étude menée sur l’analyse de spécimens en Chine provenant de plusieurs sites a détecté la présence de SARs-CoV-2 dans les matières fécales ; ce qui implique que le CoV-2-Sars pourrait être transmis par voie fécale », indique Dr Sène. Sur cette base, il estime que les stations des eaux usées pourraient servir à la surveillance de la propagation du virus et par conséquent constituer des sites de collecte d’informations. « Ces données qui peuvent être collectées et testées pourraient améliorer les systèmes d’alertes précoces, la sensibilité des tests et réduire les résultats faussement négatifs », avance le docteur Seydina Ousmane Sène. Il soutient que les infrastructures d’assainissement (nationales, locales et communautaires) peuvent améliorer le cadre de vie des populations et contribuer à résorber le gap de données pour suivre la dispersion du virus SARs-CoV-2 (syndrome respiratoire aigu sévère coronavirus 2) qui propage le Covid-19 et qui a une capacité de contagion particulière et contextuelle, selon le milieu ou les pays.

Dr Seydina Ousmane Sène rappelle que l’accessibilité des services d’eau et d’assainissement a des effets bénéfiques sur le plan sanitaire. D’où son plaidoyer pour investissements dans la construction des infrastructures hydrauliques et la réalisation d’ouvrages d’assainissement. Ceux-ci, insiste-t-il, ont un effet d’entraînement sur la minimisation des risques de survenue de maladies. C’est pour cela que docteur Ousmane Sène fait partie de ceux qui revendiquent la reconsidération de ces deux services dans le dispositif de riposte contre le Covid-19. « Rien n’est à négliger et que les Sénégalais doivent être plus vigilants et coopérer avec l’État afin d’appliquer strictement les mesures sanitaires. L’eau, l’hygiène et l’assainissement constituent un secteur clé pour le développement économique et social au Sénégal », affirme Dr. Ousmane Sène.

Autant le secteur de l’eau et de l’assainissement peuvent peser sur la recherche de réponses à la pandémie, autant il peut en pâtir si la crise sanitaire persiste. Docteur Sène affirme que si la pandémie persiste, elle fera planer des incertitudes sur la réalisation des Objectifs de développement durable (Odd). « La sévérité de la crise exige qu’on prenne très au sérieux le secteur de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement avec un focus sur la gestion de l’assainissement autonome car plus la crise persiste, plus l’atteinte des Objectifs de développement durable devient incertaine surtout par rapport à l’Odd 6 », affirme l’enseignement-chercheur qui recommande le renforcement des mécanismes de coordination et de riposte. Le secteur de l’eau et de l’assainissement, insiste-il, devient dès lors central dans le dispositif de riposte et offre une occasion unique de rendre la santé publique plus efficace et axée sur les données.

Idrissa SANE

Source : Le Soleil