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Mieux gouverner par les données // www.scidev.net/afrique-sub-saharienne

Publié le 29 janvier 2018

- Les experts appellent à un investissement massif dans l’économie du savoir
- En particulier, ils soulignent l’importance des données dans les processus de décision
- Toutefois, ils regrettent les retards de l’Afrique en la matière et appellent à l’action

Dakar a abrité fin novembre une rencontre d’experts de haut niveau sur la science, la technologie et l’innovation (STI) et le programme de transformation de l’Afrique.

La quatrième édition du dialogue sur la STI, placée cette année sous le thème « Enseignement supérieur, sciences, technologies et innovation dans l’agenda d’intégration et de développement de l’Afrique », était organisée par le ministère sénégalais de l’Enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation et la Commission Economique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).

Le ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, Mary Teuw Niane, a déclaré, lors de l’ouverture des débats, que l’Afrique resterait à la traîne des autres continents, si les Etats ne s’unissaient pas pour relever collectivement les défis de l’enseignement supérieur, de la science, de la technologie et de l’innovation.

“Qui contrôle les données et l’information contrôle l’avenir.”

Seydina Sène, économiste à l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR)

Il a en outre souligné le besoin d’un « investissement massif dans les questions de connaissances nouvelles comme l’intelligence artificielle » ou les mégadonnées, pour que l’Afrique soit dans le rythme du monde.

Mary Teuw Niane a également appelé les Africains à rassembler leurs ressources pour produire une masse critique de scientifiques et de chercheurs pour aider à trouver des solutions aux problèmes du continent.

Au deuxième jour des débats, une grande partie des discussions a été consacrée aux données numériques et à leur importance dans le processus d’intégration et de développement de l’Afrique.

La guerre des données

« Qui contrôle les données et l’information contrôle l’avenir », a déclaré à SciDev.Net, Seydina Sène, économiste principal à l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), spécialisée entre autres, dans la réforme structurelle de l’agriculture, ajoutant que « la guerre du 21e siècle, c’est la guerre des données ».

Les experts se sont en effet accordés sur le fait qu’avec la révolution des données et la transformation numérique qui va avec, une mauvaise maîtrise de tout le processus de collecte et de gestion des données serait rédhibitoire pour l’Afrique.

Seydina Sène précise qu’aujourd’hui, « on parle de données et d’intelligence économique et les Etats africains ont compris avec l’adoption des objectifs de développement durable (ODD), qu’ils doivent faire des efforts pour financer la collecte, la transformation et la diffusion des données, afin de renseigner les indicateurs qui évalueront leur performance à l’horizon 2030 ».

Alors que Seydina Sène estime que des efforts en termes d’exploitation des données et de prise de décisions basées sur les preuves sont légion sur le continent, en donnant en l’occurrence l’exemple de certains pays tels que le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou encore le Kenya, Oumar Niang, directeur de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (Isep), à Diamniadio, au Sénégal, se montre plus radical.

Selon lui, « l’interrogation des données en amont de la prise de décisions n’est pas encore ancrée dans les mœurs africaines. Il y a certes des initiatives isolées, mais même à l’échelle mondiale, ce ne sont pas tous les présidents qui utilisent la puissance des données en tant qu’outil clé d’aide à la bonne gouvernance. »

Par : Bilal Tairou