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Exploitation gazière à CAYAR, les acteurs locaux veulent être édifiés sur les retombées

Publié le 17 septembre 2018

La découverte du gaz naturel au large des côtes de Saint-Louis et de Kayar a permis de porter un regard nouveau sur la situation du Sénégal, devenu un pays producteur de ressources énergétiques. La localité de Kayar, commune de 25 000 âmes située dans la zone des Niayes, représente à elle seule, selon les premières estimations, une réserve gazière de l’ordre de 140 milliards de m3.

La perspective prochaine de l’exploitation de cette ressource hautement stratégique dans le développement national et local suscite néanmoins quelques craintes et appréhensions de la part des familles d’acteurs locaux.

En effet, Kayar tire ses ressources principalement de la pêche et de l’agriculture. Avec les effets du changement climatique qui se font sentir, toutes les deux activités sont menacées. L’agriculture souffre d’un ensemble de maux dont l’affaissement de la nappe phréatique due notamment avec l’implantation massive de forages pour renforcer la fourniture d’eau à Dakar, l’avancée de la salinisation, l’accaparement des terres qui devient une réalité avec l’arrivée de firmes agro-industrielles qui interviennent sur des filières horticoles à haute valeur ajoutée, etc.

Quant à la pêche, elle connaît une période de disgrâce depuis des années. Kayar, autrefois zone poissonneuse, est devenu un désert marin. De 50 000 tonnes par année, la production est descendue à 20 000 tonnes actuellement. L’avancée de la mer conduit à des pertes d’espaces sur la plage. Beaucoup de petits opérateurs économiques ont été obligés de quitter sous la menace des eaux. Cette menace dans la zone va se poursuivre avec l’exploitation prochaine des ressources gazières au large des côtes, environ 90 km. Aussi, faut-il rappeler que d’autres entreprises sont en train de faire des prospections dans les eaux côtières.

Cette situation conduit à la peur des communautés qui s’interrogent sur leur avenir en mettant en place des cadres locaux de concertation. C’est dans ce cadre que l’Observatoire pour le Suivi des Indicateurs de Développement en Afrique (OSIDEA), ayant bénéficié de l’appui de la Fondation FORD, a décidé en collaboration avec l’IPAR et l’ONG 3D, de venir en appui à ces communautés par l’organisation ce 17 septembre 2018 d’une journée de diagnostic des priorités et d’adoption d’une stratégie commune pour le développement de Kayar dans un contexte d’exploitation de ressources d’hydrocarbures.

Ainsi, cette rencontre d’information et de sensibilisation sur les enjeux de l’exploitation du gaz à KAYAR, qui a réuni une quarantaine d’acteurs locaux vise spécifiquement à :

  • Renforcer les connaissances des acteurs locaux sur les principaux enjeux de l’exploitation du gaz pour la population de KAYAR ;
  • Informer les participants sur les dispositifs réglementaires et législatifs qui encadrent l’activité d’exploitation dans la localité ;
  • Sensibiliser les populations sur les conséquences de l’exploitation dans le secteur de la pêche à KAYAR pour une meilleure prise en charge de leurs besoins dans ce nouveau contexte ;
  • Favoriser un cadre d’échanges entre les acteurs et les experts mobilisés, pour un plaidoyer relatif au renforcement du contenu local et profitable à la population de KAYAR

Les participants ont, à l’issue de la rencontre, décidé de fédérer les forces vives autour du développement socio-économique de la commune à travers l’installation d’une plateforme communale en perspective de l’exploitation du Gaz et par le renforcement du contenu local. Ils invitent également l’Etat à partager avec la commune le projet de loi portant code des hydrocarbures pour une meilleure appropriation par les acteurs.

DECLARATION DE CAYAR

Cherif Bodian

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