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8ème Fenêtre sur l’Agriculture : « One Health » (Une seule santé), une approche intersectorielle et multidisciplinaire pour sauver des vies humaines et animales.

Publié le 30 novembre 2015

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Initiative Prospective Agricole Rurale (IPAR) ont organisé, le Vendredi 18 septembre 2015, leur 8ème édition des « Fenêtre sur l’agriculture », sur le thème « Quelle contribution du concept One Health à la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sénégal ? ».

Ces dernières années, plusieurs crises sanitaires ont mis en évidence l’impact mondial des maladies émergentes sur la société, y compris des zoonoses telles que le virus H5N1 ou la maladie à virus Ebola. 70% des maladies émergentes sont à caractère zoonotique, avec des cycles de transmission à l’homme faisant intervenir des réservoirs animaux, que ce soit le bétail domestique ou la faune sauvage. Outre leurs impacts sanitaires, ces maladies ont également des conséquences économiques et sociales importantes.

Sur le plan de la mobilisation internationale dans ce sens, durant ce mois de septembre, nous avons vécu deux événements majeurs dans la santé internationale qui sont des tournants et des moments de référence. Il s’agit d’un consensus pour le cadre de la sécurité sanitaire mondiale et de la finalisation des nouveaux objectifs pour le développement durable appelés post-Omd. Ces événements, bien que différents, sont complémentaires et devraient contribuer à accélérer notre droit à avoir une santé de qualité et à prévenir les menaces de toute sorte qui pourraient arriver dans nos pays.

Le premier événement concerne le Programme de sécurité sanitaire mondiale (GHSA). Pourquoi devrait-on penser à ce programme spécifique alors que l’Organisation mondiale de la santé (Oms) existe et que son but ultime est de nous protéger par tous les moyens face à la maladie ? Va-t-on vers une duplication (encore) des interventions à l’échelle internationale pour des raisons d’intérêts divers liés aux lobbies ou partenaires techniques et financiers ? En réalité, les exemples récents des épidémies liées au coronarovirus, responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers-CoV) de la grippe aviaire ou encore de la maladie à virus Ebola, qui sont toutes d’origine animale, ont mis à nu tout un pan de la faille de notre système de surveillance et de prévention. Il est vrai qu’il est illusoire, lorsque 60 % des maladies infectieuses existantes affectant les humains et 75 % des nouvelles maladies émergentes sont d’origine animale, de prétendre à la sécurité sanitaire mondiale pour les hommes et femmes sans tenir compte des systèmes nationaux de prévention et de contrôle des maladies animales.

Une étude de la FAO, conduite en septembre 2005, estimait par exemple les pertes économiques du secteur asiatique de la volaille à environ 10 milliards de dollars USD, suite à l’épidémie de grippe aviaire. Quant à la maladie à virus Ebola, en plus des 10 000 cas de décès humains qu’elle a occasionnés depuis 2014 en Afrique de l’Ouest, particulièrement en Guinée, au Libéria, et en Sierra Léone, la maladie a eu également un impact considérable sur la production agricole et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des zones affectées.

La prévention et la lutte contre ces maladies, pour sauver des vies humaines et animales, nécessite la mise en place d’approches intersectorielles et multidisciplinaires prenant en compte les liens étroits qui existent entre la santé humaine et animale, l’environnement et l’agriculture.

C’est dans ce contexte qu’intervient l’approche « One Health » (Une seule santé), dont l’objectif est d’améliorer la santé globale des populations par le renforcement de telles approches multidisciplinaires et intersectorielles, mises en œuvre aux niveaux local, national et international, à l’interface de la santé humaine, animale et de l’environnement.

Au niveau mondial, la FAO, l’OIE et l’OMS collaborent afin d’améliorer la prévention des maladies et permettre la mise en œuvre de pratiques plus sûres de production alimentaire, de transformation et de distribution des produits et la gestion durable des ressources naturelles.

Cette Fenêtre sur l’agriculture, délocalisée au sein de l’Université de Thiès, à l’Ecole Nationale Supérieure d’Agriculture (ENSA), est le résultat de la volonté de la FAO et de l’IPAR d’encourager les initiatives naissant chez les étudiants et jeunes professionnels, pour la vulgarisation et l’appropriation de telles approches. Elle a été organisée avec l’implication de l’association d’étudiants et jeunes professionnels Africa for Africa (AFA) et a réuni plus d’une centaine d’étudiants et jeunes agronomes, vétérinaires et médecins, issus des différentes universités et écoles du Sénégal (Université de Thiès, Université de Saint-Louis, Ecole Nationale Supérieure d’Agriculture- ENSA, Institut Supérieur de Formation Agricole et Rurale- ISFAR, Ecole Inter-Etat des Sciences et Médecine Vétérinaires- EISMV, UJEPO), ainsi qu’une cinquantaine de participants, représentant les autorités sénégalaises, les partenaires techniques et financiers, la société civile, et le secteur privé.

Modérée par M. Cheikh Oumar BA, Directeur exécutif de l’IPAR, en présence de M. Vincent MARTIN, Représentant résident de la FAO, la rencontre ouverte par M. Matar Mour SECK, Recteur de l’Université de Thiès, s’est introduite par des spécialistes de la santé animale, humaine, et environnementale dans un premier temps et le débat a ensuite été ouvert aux échanges avec les participants, pour permettre la formulation de recommandations.

La 8ème édition des cycles de débat « Fenêtres sur l’agriculture » a ainsi permis d’avoir une meilleure compréhension de l’approche « One Health » face aux enjeux de sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sénégal chez les partenaires et les jeunes professionnels, de partage les actions engagées, identifier les priorités à retenir pour le futur et formuler des recommandations pour une meilleure prise en compte de cette approche « One Health » dans les politiques de développement au Sénégal telles que :

  • mettre l’accent sur la communication entre les divers services/disciplines : il s’agira surtout de partage des connaissances entre les ministères et structures (santé humaine, élevage, service d’hygiène, ISRA, laboratoire de recherche, etc.) pour une meilleure maitrise de l’information, autrement dit une bonne gouvernance ;
  • mobiliser les communautés à travers des sensibilisations pour mieux promouvoir le changement de comportement, car il est primordial de prendre en compte les aspects sociologiques (religion, culture etc...) ;
  • mobiliser les finances nécessaires à la prise en charge effective de ce concept ;
  • réfléchir d’avantages sur les perspectives du concept « One Health »